Hervé-Marie Hignard

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Hervé-Marie Hignard
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Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (62 ans)
CombourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Hervé Alphonse Albert HignardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Site web

Hervé-Marie Hignard (né le 28 août 1961 à Combourg), parfois surnommé Père Jésus, est un prêtre catholique français de la communauté Saint-Jean.

Missionnaire au Cameroun depuis 1987, il est connu pour y avoir fondé de nombreuses œuvres d'éducation, de charité et d'évangélisation. Il est, entre autres, le fondateur des Œuvres du Père Hervé-Marie (OPHM), du foyer Saint-Jean de Bertoua, de la Caravane d'évangélisation, du festival chrétien « Christade » ou encore de la station Christ-Radio.

Formation et conversion[modifier | modifier le code]

Hervé Hignard naît le 28 août 1961 à Combourg, en Bretagne[1]. Troisième d’une famille de cinq enfants, il va à l'école primaire dans son village avant de devenir pensionnaire du collège-lycée des Cordeliers, à Dinan[1].

Bien qu'élève dans un établissement catholique, le jeune Hervé Hignard n'est pas pratiquant, à l'image du reste de sa famille, et développe un certain mépris à l'égard du catholicisme[1]. Les choses changeront avec la conversion de sa mère et de sa sœur ainée[1]. En 1981, alors que celle-ci fait une « neuvaine » consistant à se rendre, à neuf reprises, le premier vendredi du mois à San Giorgio Piacentino, lieu d’apparition mariale, elle ne peut honorer son vœu en raison de ses examens de licence[1]. Elle demande alors à son frère Hervé de la remplacer, ce qu’il accepte dans le but de mieux se moquer « des dévots et des bigots » sur place[2]. Mais arrivé au sanctuaire, il est touché par la ferveur des pèlerins, avant d'y trouver la foi quelques jours plus tard, durant une « bénédiction particulière de la Vierge Marie[1] ».

Discernement et vocation[modifier | modifier le code]

De retour en Bretagne, le jeune Hervé Hignard se place sous la direction spirituelle de l’abbé Marie-Jean Bertaina, qui l'aide à discerner sa vocation[1]. Il quitte ses études de médecine[2] et, le 8 novembre 1982, entre dans la communauté Saint-Jean, à Rimont, où il est formé en vu de devenir religieux et prêtre[1].

Le Frère Hervé-Marie prononce ses vœux perpétuels en juin 1987 à Paray-le-Monial. Il est ensuite ordonné diacre le 28 août 1988 à Bertoua par Lambert Van Heygen (de), un an après son arrivée en Afrique, puis il est ordonné prêtre à Lyon un an plus tard[2].

À sa suite, son frère cadet et ses deux sœurs deviendront également religieux dans la Communauté Saint-Jean[2].

Mission en Afrique[modifier | modifier le code]

Hervé-Marie Hignard est envoyé comme missionnaire au Cameroun en juillet 1987, à la demande de Jean-Crispin Kimbeni Ki-Kanda (de), alors évêque de Kisantu[3]. Il s'installe à Bertoua, dans l'est du pays, où il travaille dans plusieurs lycées et collèges en tant qu'enseignant et catéchiste[1], avant de s'installer avec sa communauté au collège Vogt, à Yaoundé[4]. Très tôt, il fonde notamment les Œuvres du père Hervé-Marie (OPHM), qui permettent de financer la scolarité et la formation professionnelle des élèves défavorisés, ainsi qu'à aider les familles pauvres[2]. Il fonde aussi en 1991 à Bertoua le foyer Saint-Jean, une cité à proximité des établissements scolaires où il loge des jeunes dans le besoin mais aussi une aumônerie où il les catéchise après les cours[2]. Au fil des années, il rassemble dans son aumônerie environ 1500 jeunes, dont beaucoup deviendront des laïcs engagés dans l'Église, mais aussi des prêtres, religieux et religieuses[1]. Il s'entoure par ailleurs de certains de ces jeunes pour faire de la prédication de rue, à l'image des témoins de Jéhovah et fonde ainsi le Groupe d’évangélisation catholique (Gévac)[2].

À cette époque, le père Hervé-Marie est nommé archiprêtre de la cathédrale de la Sainte-Famille de Bertoua, ministère qu'il doit quitter dès 1999 en raison de sa popularité. En effet, comme le rapporte Cameroun Link, « la renommée du prédicateur atypique traverse les frontières de la seule province de l’Est [et] invité ça et là, à Douala, à Yaoundé et à Bafoussam, le curé de la cathédrale Sainte-Famille est généralement absent de son poste[2]. »

En 2000, le père Hervé-Marie crée la Caravane d'évangélisation[5], une œuvre qu'il mène avec une équipe d’évangélisation qu'il a lui-même formée et avec laquelle il parcourt les différentes paroisses camerounaises afin d'y organiser des missions de plusieurs semaines[1] et, entre autres, d'y combattre l'influence des « Églises de Réveil » et de leur « duperie doctrinale[2] ». En 2010, le père Hervé-Marie comptait déjà « à son actif 40 semaines d’évangélisation par an à travers les [...] dix régions du Cameroun, et ceci depuis 10 ans[2]. »

S'inspirant de la prédication de masse observée dans certaines Église néo-pentecôtistes, le père Hervé-Marie fonde encore à la fin des années 2000 la plus grande campagne d’évangélisation catholique du Cameroun à travers « Christade », un festival qui réunit chaque 31 décembre plus de 40 000 personnes dans le plus grand stade de football de Yaoundé[4].

À l'été 2018, le père Hervé-Marie — qui participe déjà à différentes émissions sur les chaînes de télévision publiques et privées du Cameroun[4] — lance aussi la station radiophonique ChristRadio pour évangéliser à travers les médias[4].

Pour toutes ces raisons, le père Hervé-Marie est selon Kongo Média « une des figures incontestées de la défense du catholicisme en Afrique » et « est très connu en Afrique de l’Ouest pour sa nouvelle façon de prêcher la parole de Dieu[3] ». En 2023, il prend notamment le relai de l'abbé Blaise Kanda pour prêcher la campagne d'évangélisation de la paroisse universitaire Saint-Jean-Paul-II de Kisantu[3].

Sa mission se passe aussi au-delà des frontières du Cameroun. Le père Hervé-Marie va également à la rencontre de gens du voyage à Mâcon puis aux Sable-d'Olonne en juin 2024.[réf. nécessaire]

Thèmes de prédication[modifier | modifier le code]

Ce prêtre est suivi pour ses commentaires sur des sujets tels que la foi, l’Église et la spiritualité[6].

Son axe de recherche est la vérité de la Parole de Dieu, et son dicton personnel appuyé sur Jn 17,17 est : « Toute personne qui cherche la vérité est un ami. »

Parmi les nombreux thèmes de prédication, il ressort les suivants comme étant les sujets mis en avant par Hervé-Marie Hignard.

Il polémique avec des pasteurs protestants[7] au sujet de la théologie biblique protestante (un seul médiateur dans 1 Tim 2,5, la Sola scriptura, l'interdiction des représentations de Dieu, la mise en garde du nom de « père » dans Mt 23,9, l'Eucharistie lue à travers le détail de Jn 6, la place de Marie dans l'Église), s'appuie sur la mission confiée par Jésus-Christ aux 12 apôtres (Lc 10,16, Mt 16,18) pour penser la Grande Église comme détentrice de la Parole de Dieu avant la mise en écrit du Nouveau Testament et assurant la transmission orale des évangiles, ainsi que d'autres versets en particulier dans le corpus paulinien (1 Tm 3,15, Eph 5, 25-27) et des Actes des Apôtres. Il s'appuie aussi sur les Conciles comme celui de Carthage en 397 qui fixe le canon du Nouveau Testament, ainsi que les vues des Pères apostoliques telle la lettre de saint Ignace d'Antioche aux Ephésiens écrite en l'an 110 (qui écrit : « Là où est l’Église catholique, là est le Christ. »).

Le pères de l’Église primitive sont aussi un corpus utilisé pour la défense de la foi de l’Église catholique, notamment à travers l'étude du Catéchisme de l'Église catholique.

Sa méthode de prédication qui confronte les points de vue avec l'intelligence de la foi qui ressort de divers versets bibliques compris dans leur unité le fait sortir des évangélisations traditionnelles. Pour préciser sa pensée, il désigne par le mot « biblette » la bible protestante, ramenée de 73 à 66 livres en 1826. Sur l'interprétation de la Bible en dehors de l'Église catholique, il parle des « dangers de la bible » dont les interprétations personnelles ont permis de justifier toutes les idées imaginables. Hervé-Marie désigne les protestants comme étant les « petits frères de Luther ». Il montre que l'absence d'Eucharistie comme sacrifice dans les temples protestants change la religion en tournant le culte autour de la seule prédication du pasteur.

Il utilise également l'exégèse historico-critique de la Bible pour montrer le sens précis des mots. Le mot « bible » réfère dans le Nouveau Testament le livre de l'Apocalypse, mais jamais la Bible dont le canon n'est fixé qu'en 397. De même, les « Saintes Écritures » désigne la Torah. Enfin, la Parole de Dieu déborde le canon, Hervé-Marie cite l'idée de références à des livres non-canoniques dans les livres bibliques canoniques.

Il montre également qu'un verset biblique ne peut être utilisé de manière isolée de l'ensemble de la Bible mais doit être replacé dans son contexte, comme le fait la méthode historico-grammaticale. Par exemple, la question de savoir si Jésus baptisait : Jn 3,22 doit aussi être réfléchi avec Jn 4,2. Il étudie la mise en garde d'utiliser le nom de « père » à des hommes dans Mt 23,9 avec l'ensemble de la Bible dont 1100 versets présentent ce nom (par exemple à la Samaritaine : « Notre père Jacob », ou dans Jn 8,44 : « Vous avez pour père le diable »).

Sur les témoins de Jéhovah, il assure avoir lu 30 kg de leurs brochures. Il conclut qu'ils n'évangélisent pas, mais ils endoctrinent. Selon lui, leur doctrine est anhistorique, et leur traduction biblique dite du monde nouveau est une traduction qui influence et qui est traduite d'une manière tendancieuse pour pouvoir justifier la doctrine que les témoins de Jéhovah. Il montre comment tous les versets qui disent la divinité de Jésus sont systématiquement déformés ou métaphorisés, ou des ajouts de mots comme le faisait déjà Luther dans sa traduction de la Bible. En ce sens, elle se coupe de la lignée de toutes les traductions chrétiennes et font fi de l'apparat critique quand celui-ci ne va pas dans leur sens.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Christophe Lele, « "Père Jésus" veut "annoncer le Christ autrement" ! », sur afrik.com, (consulté le )
  2. a b c d e f g h i et j Maurice Simo Djom, « Phénoménal père Hervé Marie », sur camerounlink.com, (consulté le )
  3. a b et c Lionel Nsiesi, « Église Catholique : Père Hervé Marie Hignard en campagne d'évangélisation du 19 au 27 Mai à Kisantu », sur kongomedia.net, (consulté le )
  4. a b c et d Jean-François Channon Denwo, « Le père Hervé-Marie lance Christ-Radio pour l’évangélisation par voie médiatique au Cameroun », La Croix international,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Eugène Dipanda, « Cameroun : la caravane du Père Hervé-Marie », Mutations,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. https://radiosalveregina.com/cycle-de-catecheses-pere-herve-marie-hignard/
  7. Playlist "Polémique" sur YouTube